Prudente, la CLASSE retire son calendrier
24HMontréal, 19/05/2012 14h38
MONTRÉAL - Au lendemain de l’adoption de
la loi spéciale, la CLASSE joue la carte de la prudence en retirant sur
son site internet « Bloquons la hausse » le calendrier qui faisait état
des manifestations étudiantes à venir.
En vertu de la loi 78, adoptée vendredi
par l’Assemblée nationale, une personne, un organisme ou un groupe qui
organise une manifestation de 50 personnes ou plus doit fournir par
écrit aux policiers la date, l’heure, la durée, le lieu et l’itinéraire
de leur marche, et ce, au moins huit heures avant le début du
rassemblement. Les personnes ou groupes qui contreviendraient à cet
article s’exposent à des sanctions.
La loi spéciale de Québec empêche aussi à
quiconque de faire obstacle ou de nuire à la reprise des cours dans les
cégeps et universités. Tout rassemblement se tenant à moins de 50
mètres des terrains d’un établissement d’enseignement est interdit.
Le calendrier de la CLASSE pourrait être
lourd de conséquences pour les représentants étudiants, car la loi
spéciale du gouvernement Charest prévoit des amendes salées pour les
personnes ou groupes qui aideraient ou inciteraient « par un
encouragement, un conseil, un consentement, une autorisation ou un
ordre » une autre personne à commettre une infraction visée par la loi
78. Pour les associations étudiantes comme la CLASSE, ces amendes
peuvent grimper jusqu’à 125 000 $.
Joint samedi après-midi, l’attaché de
presse de la CLASSE, Renaud Poirier St-Pierre, n’a pas voulu confirmer
pourquoi son association étudiante avait retiré le calendrier des
manifestations à venir de son site web. Les membres de son association
se réuniront dimanche en congrès pour discuter de la loi spéciale,
a-t-il rappelé.
Loi contestée
Vendredi, tant la FEUQ, la FECQ et la
CLASSE ont annoncé leur intention de contester la loi 78 devant les
tribunaux. « On va essayer d’être le plus créatifs possible pour
contester cette loi », avait affirmé le porte-parole de la CLASSE,
Gabriel Nadeau-Dubois, qui n’excluait pas d’en appeler à la
désobéissance civile.
« La réflexion va se poursuivre. On est
dans un moment unique de notre histoire. Il va falloir une réponse
d’exception à cette loi d’exception. Est-ce que nous allons appeler à
désobéir à cette loi ? C’est le genre de questions auxquelles nous
allons répondre avec nos avocats durant la fin de semaine et notre
congrès dimanche », avait-il ajouté.
Plusieurs milliers de personnes contre la loi 78
Métro, 19 mai 2012 | 0:02
MONTRÉAL - L’adoption et l’immédiate
mise en vigueur de la loi spéciale 78, qui tente notamment de contrôler
les manifestations, n’ont pas empêché des milliers de manifestants de
marcher dans les rues du centre-ville de Montréal, vendredi.
A l’exception d’une forte tension
provoquée par des affrontements entre policiers et certains
manifestants, la marche s’est déroulé en bonne ordre. A minuit, les
manifestants continuaient de déambuler dans un calme relatif dans les
rues de Montréal.
Il était difficile d’évaluer la foule
mais à un certain moment, alors que la tête arrivait au parc
Emilie-Gamelin, la queue de la marche, clairsemée atteignait
l’intersection de Sainte-Catherine/Université, à environ 1,5 km de
distance.
Moins de 60 minutes
après le début de la manifestation, la situation est devenu chaotique.
Le Service de police de la Ville de Montréal a déclaré la manifestation
illégale peu avant 22 h. Sur son compte Twitter, il a affirmé avoir
tenté de « procéder à des arrestations ciblées » et affirmé avoir émis
quatre avis de dispersion à la foule. Mais cela n’a pas empêché la
manifestation de se poursuivre. Et les policiers l’ont tolérée.
Des affrontements semblaient s’être
déroulés entre des protestataires isolés et des policiers. À un certain
moment, plusieurs policiers se sont rapidement déplacés, semblant se
lancer à la poursuite d’individus à l’écart de la manifestation. Les
représentants ont déployé des fumigènes, mais un extrémiste a répliqué
en lançant un ou deux cocktails Molotov à l’intersection du boulevard
René-Lévesque et de la rue Saint-Urbain.
Sur les ondes de CUTV, une télévision
universitaire qui diffusait des images sur Internet, on a même pu voir
un camion de police foncer vers un groupe de manifestants. Les policiers
ont demandé à la foule de se disperser. Plusieurs groupes se sont alors
formés. Des grenades assourdissantes ont été lancées.
Les gens sont revenus à leur point de
départ, s’interrogeant sur la suite des événements, avant de reprendre
leur marche dans le calme. Et le SPVM a laissé la manifestation se
poursuivre, affirmant sur Twitter que « Tant que les gens continuent de
manifester de façon pacifique et calme, la #manifencours peut
continuer ».
Au moins une arrestation avait été effectuée. L’individu aurait commis un voie de fait contre un policier.
La situation a contraint le STM à
interrompre le service d’autobus dans le quadrilatère René-Lévesque,
Sherbrooke, Amherst et Université.
La soirée avait plutôt bien débuté. Déjà
plus d’une heure avant le début la marche, la 25e en autant de soirs,
quelques centaines de personnes s’étaient déjà pointées au lieu de
rassemblement habituel, le parc Émilie-Gamelin. Puis des milliers de
personnes sont venues les rejoindre.
Peu avant 21 h, elles ont entrepris la
manifestation en empruntant la rue Berri vers le nord tandis qu’un petit
groupe de manifestants, tentant peut-être de déjouer les forces
policières, se dirigeait vers le sud.
Plusieurs retardataires se sont joints
au cortège en cours de route. Des passants ont également applaudi et
appuyé les manifestants.
La colère des
manifestants était visible. Certains ont même brûlé ce qui semblait être
une copie de la loi. Divers slogans hargneux ont été lancés tels
« Charest, t’es mort. On va te trouver une tombe dans le nord. »
Plusieurs des participants déambulaient
dans les rues pour la première fois. Milly Pominville, une jeune
cégepienne de 20 ans, reconnaissait sa nervosité et disait espérer que
rien de grave ne se déroulerait. Elle avouait sa « haine » envers Jean
Charest, réclamant son départ. Elle a qualifié la nouvelle loi de
« stupide » avant de promettre de revenir manifester tous les soirs.
A l’instar des autres soirs, les policiers étaient fortement présents. Toutefois,
contrairement aux manifestations précédentes, le Service de police de
la ville de Montréal a indiqué qu’elle avait reçu un itinéraire avant le
début de l’événement.
A Québec, des
milliers de personnes s’étaient donné rendez-vous devant l’Assemblée
nationale avant d’entreprendre une longue marche dans les rues de la
capitale. Là aussi, les organisateurs avaient remis un itinéraire aux policiers. Revenus devant le parlement, les gens sont demeurés en place et ne se sont pas dispersés.
Des manifestations se sont également
déroulées dans plusieurs autres villes du Québec, dont Gatineau,
Sherbrooke, Trois-Rivières et Rimouski. Dans cette dernière ville,
plusieurs centaines de personnes ont manifesté pacifiquement, selon RDI.
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