sabato 28 gennaio 2012

Le vent nous porte sur le système



...ou comment être anti-nucléaire sans devenir pro-éolien

De tous les tangibles désastres générés par le capitalisme industriel, le dérèglement climatique peut apparaître à la fois comme son aboutissement et son emblème. Le système capitaliste, en effet, aura à peu près tout investi et tout dévasté [1] dans le monde, jusqu’au temps qu’il fait. Ce dérèglement climatique, étroitement lié à la consommation croissante de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel), suscite un engouement médiatique à la mesure de ses dégâts manifestes. Politiciens, hommes d’affaires, scientifiques lanceurs d’alertes, experts écologistes nous somment de rejoindre leur union sacrée, censée nous préserver durablement de la catastrophe tout en nous épargnant le sacrifice de ce mode de vie « non négociable », au premier rang duquel se tient fièrement notre consommation d’électricité (celle-ci a triplé en France entre 1973 et 2005 [2], et on en peut mesurer tous les jours les incomparables « bienfaits », s’agissant de notre vie personnelle et sociale).

On sait qu’en France les autorités gaullistes ont entendu trancher cette question de l’électricité, une fois pour toutes pour ainsi dire [3], par l’implantation autoritaire de l’électronucléaire à grande échelle, avec la bénédiction du Parti communiste et de la CGT. Cela n’a pas été sans provoquer au coup par coup des mécontentements et des luttes réelles. Pour des raisons que l’on ne cherchera pas à élucider ici, le parti de la lutte, sur ce terrain comme sur d’autres, a été défait. Aujourd’hui, la contestation anti-nucléaire est presque entièrement accaparée par des organisations écologistes de lobbying raisonnable, acceptable, disposant de moyens financiers aussi confortables que leurs mots d’ordre. Ces organisations sont d’autant mieux acceptées qu’elles ont le « bon goût » de proposer des solutions techniques de rechange : l’alternative au nucléaire garantie sans réchauffement climatique existe bel et bien, c’est l’éolien industriel. Moins d’uranium, plus de vent. C’est donc sous leurs acclamations que commencent à fleurir de gigantesques centrales éoliennes (les promoteurs et leurs alliés remplacent volontiers ce « centrales », qui évoque un peu trop Tchernobyl, par « fermes », plus illusoirement champêtre).

Ce texte se propose de montrer que l’éolien industriel, quand bien même il constituerait la source d’énergie miraculeuse vantée par l’écologisme – on verra accessoirement qu’il n’en est rien -, n’est jamais que la poursuite de la société industrielle par d’autres moyens. Autrement dit, une critique pertinente de l’électricité et de l’énergie en général ne saurait être autre chose que la critique d’une société pour laquelle produire massivement de l’énergie est une nécessité vitale. Le reste n’est qu’illusion : approbation masquée de la situation présente, qu’elle contribue à maintenir dans ses aspects essentiels.

1. DOUCE FRANCE NUCLÉAIRE

Les organisations écologistes anti-nucléaires que l’on vient d’évoquer, c’est-à-dire principalement Greenpeace et le Réseau Sortir du nucléaire, ont l’habitude de prendre appui sur le cauchemar nucléaire pour justifier leur défense de l’éolien industriel. Dans le chapeau du dossier qu’il consacre aux éoliennes sur son site internet [4], le Réseau Sortir du nucléaire - abrégé Réseau dans la suite de ce texte - annonce la couleur : « les anti-éoliens [...] sont la plupart du temps des pro-nucléaires mal déguisés ». On reconnaîtra volontiers qu’en matière de déguisement, le Réseau ne fait pas les choses à moitié : quiconque ayant participé ces dernières années à une manifestation anti-nucléaire aura pu constater que les fantassins du Réseau, en jaune cocu des pieds à la tête, sont particulièrement bien déguisés. Mais prenons le Réseau au sérieux : la plupart du temps des pro-nucléaires ? Peut-être, mais pas toujours. Et on le prouvera séance tenante : avant de s’attacher aux pales des éoliennes, on s’arrêtera longuement sur l’atome. Non pour en dresser un tableau complet - la matière est hélas inépuisable - mais pour y voir un peu plus clair.

L’époque actuelle, si peu avare d’informations réellement dramatiques, montre assez que la connaissance des nuisances qui nous assaillent ne conduit pas naturellement à la révolte [5], mais plus souvent au déni ou à une sorte de passivité accablée. Plusieurs raisons nous portent toutefois à penser, s’agissant précisément du nucléaire, qu’un peu d’information ne sera pas inutile : la question nucléaire, comme toutes les questions techno-scientifiques, est d’une complexité rebutante pour les non-spécialistes, mais pas plus que d’autres. Elle s’en différencie, néanmoins, non seulement par sa charge horrifique sans équivalent mais surtout par son caractère absolument stratégique pour l’État. Ses dirigeants, par experts interposés, accordent donc un soin tout particulier au choix et à la préparation des « vérités » officielles servies au public. L’État français, qui a donné au monde d’illustres exemples de ce savoir-faire, occupe en outre une place à part : le nucléaire y est comme chez lui, installé de si longue date et à si haute densité qu’il pourrait presque passer, en particulier auprès des jeunes générations, pour « naturel », du moins aussi naturel que les églises de village. C’est cette possible naturalisation qu’il s’agit de battre en brèche, en balayant les divers aspects de l’exploitation électronucléaire française.

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