venerdì 28 ottobre 2011

Saut dans l’inconnu Réflexions pour une offensive anarchiste au cœur de la pacification


Nous nous demandons ici à quoi pourrait bien ressembler une pratique anarchiste révolutionnaire dans les conditions sociales spécifiques de la Suisse. Il nous semble d‘abord nécessaire de mettre de côté l‘illusion qui ne sert que trop souvent à justifier notre propre résignation, l‘illusion selon laquelle ici tout serait mille fois plus difficile qu‘ailleurs, tout serait totalement pacifié, et que de toutes façons, personne ne s‘intéresserait à nos idées. Ceci pour considérer ensuite les particularités locales qui nécessitent une démarche pas forcément plus difficile ou plus facile mais qui est simplement autre qu‘ailleurs. C‘est pour cela que nous ne nous intéressons pas aux idéologies révolutionnaires qui se plaquent comme une moule rigide sur une réalité dont elles restent toujours séparées de par leur nature. C‘est aussi pour cela que nous ne pensons pas non plus que les expériences et les méthodes développées et pratiquées par des compagnons en d‘autres lieux ou en d‘autres temps puissent être simplement calquées. Nous voulons tirer notre inspiration de tout ce qui nous plaît, mais toujours dans le but de développer nos propres méthodes que nous considérons comme les plus adaptées à notre situation. Nous ne connaissons que trop bien la tendance de certaines personnes à répéter des fragments simplifiés des théories révolutionnaires anciennes, dont l’usure leur est cachée par le simple fait qu’ils n’essaient pas de les appliquer à quelque lutte effective.

Celui qui souhaite véritablement changer en profondeur la réalité dans laquelle il vit ne se satisfera d‘aucune illusion. Celui qui se passionne pour la subversion veut agir immédiatement. Alors, abandonnons tout modèle et étudions nos possibilités.

L‘héritage de l‘histoire

La Suisse, où nous vivons, est l‘un des rares pays où la domination capitaliste a pu s‘ancrer de manière aussi paisible. On ne peut pas nier avoir l‘impression de vivre dans un îlot de paix quand on observe l‘histoire des luttes révolutionnaires. La population suisse, apparemment bercée depuis toujours dans l‘illusion démocratique, n‘a quasiment pas vécu, du moins depuis le début de l‘industrialisation, des conflits de classe profondément clivants qui auraient poussé des franges entières de la population à se confronter aux idées sociales-révolutionnaires. Pas trace d‘insurrections plus importantes qui tentèrent de saper entièrement le système politique et, en même temps, tous les us et coutumes. Ce petit peuple et son histoire ne font pas preuve d‘une grande soif d‘aventure mais cultivent en revanche une quantité énorme de lieux communs, restés beaucoup trop longtemps intacts.

Même les grands conflits idéologiques entre les différentes formes de domination de la première moitié du vingtième siècle (fascisme, communisme d‘état, démocratie,…), s‘ils ont certes laissé quelques traces, sont passés dans leurs grandes lignes à côté de la Suisse. Alors que les gouvernants (et nombre de citoyens) s‘enveloppaient dans le manteau de la « neutralité », position la plus abominable de toutes, ils se sont pourtant montrés complaisants à l‘égard des puissances potentiellement menaçantes, et ce à travers des arrangements et des mesures établis ici ou là pour que la Suisse reste un lieu sûr de transfert du capital international, peu importe les ornements idéologiques. Cette neutralité, qui n‘est en fait rien d‘autre que la défense de la démocratie comme forme de domination la plus ajustée aux conditions contemporaines, semble avoir pris par extension le sens d‘un certain hermétisme vis-à-vis des idées qui remettent trop profondément en question les rapports existants.

Ainsi les habitants consciencieux de cette précieuse démocratie participative votent et mettent en place des initiatives citoyennes depuis des décennies, sans qu‘il n‘y ait jamais eu la nécessité de prendre de véritables décisions. Des décisions qui quitteraient les cadres de la politique, des décisions qui excluraient la délégation et la passivité parce qu‘elles concerneraient directement notre propre vie : dans une situation insurrectionnelle par exemple, décider de défendre les rapports existants en faveur de la domination ou alors de se battre pour leur renversement fondamental, en faveur de la liberté.

L‘héritage de cette histoire, de cette pénurie de conflits sociaux, c‘est ce dépérissement de l‘imagination auquel nous nous retrouvons souvent confronté aujourd’hui sitôt que nous avons le mot révolution à la bouche ; c‘est une carence en idées subversives, qui pourraient germer dans de tels conflits et qui, inversement, pourraient les provoquer, ainsi qu‘un manque d‘expérience de lutte, à laquelle on pourrait avoir recours et qu‘on pourrait développer ; c‘est une génération qui envisage très peu les possibilités qui poussaient les gens autrefois en masse à l‘assaut de ce monde.

Mais notre intention n‘est certainement pas d‘alimenter le discours plaintif et résigné de ceux, qui justifient leur propre inactivité par l‘absence de conditions favorables. Ces „conditions manquantes“ ne peuvent signifier qu‘une seule chose pour nous : nous atteler immédiatement à faire advenir celles que nous souhaitons.

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