sabato 8 ottobre 2011

Pour une histoire de la résistance ouvrière au travail


I. Barcelone
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L’étude de la rés­ist­ance ouvrière au tra­vail - l’absenté­isme, les retards, les simu­la­tions de mala­die, les vols, le sabo­tage, les ralen­tis­se­ments du tra­vail, l’indis­ci­pline et l’indiffér­ence - permet de mieux com­pren­dre deux évé­nements poli­ti­ques contem­po­rains : la révo­lution espa­gnole et le Front popu­laire français. Un examen atten­tif de la rés­ist­ance au tra­vail dans les usines de Paris et de Barcelone sous les gou­ver­ne­ments de Front popu­laire en France et tout au long de la révo­lution en Espagne fait appa­raître dans la vie de la classe ouvrière des cons­tan­tes essen­tiel­les. L’absenté­isme, l’indis­ci­pline, et autres mani­fes­ta­tions d’une aver­sion pour le tra­vail préex­istaient à la vic­toire du Front popu­laire en France et à l’écla­tement de la guerre et de la révo­lution en Espagne, mais il est intér­essant de noter que cette rés­ist­ance per­sista après la prise du pou­voir poli­ti­que et, à des niveaux différents, du pou­voir éco­no­mique, dans ces deux pays, par les partis et les syn­di­cats qui prét­endaient représ­enter la classe ouvrière. En effet, tant dans la situa­tion révo­luti­onn­aire que dans la situa­tion réf­orm­iste, les partis et syn­di­cats de gauche furent contraints de faire face à d’innom­bra­bles refus des ouvriers à tra­vailler.

La rés­ist­ance ouvrière au tra­vail au xxe siècle a été lar­ge­ment ignorée ou sous-estimée par les his­to­riens marxis­tes du tra­vail et les théo­riciens de la moder­ni­sa­tion - deux écoles de l’his­to­rio­gra­phie du tra­vail impor­tan­tes, sinon domi­nan­tes [1]. Quoique opposées sur bon nombre de ques­tions, toutes deux par­ta­gent une vision pro­gres­siste de l’his­toire. La plu­part des marxis­tes considèrent la classe ouvrière comme acquérant gra­duel­le­ment une cons­cience de classe, allant de l’an sich (en soi) au für sich (pour soi), se cons­ti­tuant en classe pour soi et ayant pour but final d’expro­prier les moyens de pro­duc­tion ; les théo­riciens de la moder­ni­sa­tion, eux, envi­sa­gent les tra­vailleurs dans leur adap­ta­tion au rythme, à l’orga­ni­sa­tion et aux exi­gen­ces géné­rales de la société indus­trielle. Ni les marxis­tes ni les théo­riciens de la moder­ni­sa­tion n’ont suf­fi­sam­ment pris en compte les cons­tan­tes de la culture de la classe ouvrière que révèle sa rés­ist­ance opiniâtre au tra­vail. En fait, ces concep­tions pro­gres­sis­tes de l’his­toire de la classe ouvrière sont inca­pa­bles d’appréh­ender cor­rec­te­ment la per­ma­nence de l’absenté­isme, du sabo­tage et de l’indiffér­ence. Il n’est pas pos­si­ble non plus de reje­ter la rés­ist­ance ouvrière au tra­vail dans les deux situa­tions, l’une révo­luti­onn­aire, l’autre réf­orm­iste, du second tiers du xxe siècle en la trai­tant de « pri­mi­tive » ou d’exem­ple de « fausse cons­cience ». La per­sis­tance de mul­ti­ples formes de refus du tra­vail est cer­tai­ne­ment l’indice d’une rép­onse com­préh­en­sible aux dif­fi­cultés sans fin de la vie quo­ti­dienne des ouvriers, et d’un sain scep­ti­cisme vis-à-vis des solu­tions pro­posées tant par la gauche que par la droite.

La pre­mière partie de cet essai exa­mi­nera la situa­tion révo­luti­onn­aire à Barcelone. Elle cher­chera à mettre en évid­ence les diver­gen­ces de cons­cien­ces de classe entre les ouvriers mili­tants de gauche, voués corps et âme au dével­op­pement des forces pro­duc­ti­ves pen­dant la révo­lution espa­gnole, et le bien plus grand nombre de ceux non-mili­tants qui conti­nuèrent à rés­ister au tra­vail, sou­vent tout comme ils le fai­saient aupa­ra­vant. Différentes cons­cien­ces de classe s’affrontèrent ainsi durant la révo­lution espa­gnole. Mon propos n’est pas de définir quelle fut la forme de cons­cience de classe « la plus juste », mais de mon­trer com­ment la per­sis­tance de la rés­ist­ance au tra­vail a sapé les des­seins révo­luti­onn­aires des mili­tants et remis en ques­tion leur prét­ention à représ­enter la classe ouvrière.

La pre­mière partie de cet essai exa­mi­nera la situa­tion révo­luti­onn­aire à Barcelone. Elle cher­chera à mettre en évid­ence les diver­gen­ces de cons­cien­ces de classe entre les ouvriers mili­tants de gauche, voués corps et âme au dével­op­pement des forces pro­duc­ti­ves pen­dant la révo­lution espa­gnole, et le bien plus grand nombre de ceux non-mili­tants qui conti­nuèrent à rés­ister au tra­vail, sou­vent tout comme ils le fai­saient aupa­ra­vant. Différentes cons­cien­ces de classe s’affrontèrent ainsi durant la révo­lution espa­gnole. Mon propos n’est pas de définir quelle fut la forme de cons­cience de classe « la plus juste », mais de mon­trer com­ment la per­sis­tance de la rés­ist­ance au tra­vail a sapé les des­seins révo­luti­onn­aires des mili­tants et remis en ques­tion leur prét­ention à représ­enter la classe ouvrière.

La seconde partie de cet arti­cle ten­tera de dém­ontrer l’impor­tance de la rés­ist­ance au tra­vail pen­dant le Front popu­laire à Paris. De même qu’en Espagne, le refus du tra­vail était pro­fondément enra­ciné dans la culture de la classe ouvrière franç­aise et devait per­sis­ter, et même s’étendre, indép­end­amment des impor­tan­tes réf­ormes socia­les mises en œuvre par la coa­li­tion des partis et syn­di­cats de gauche qui com­po­saient le Front popu­laire. Tout comme, à Barcelone, les mem­bres des syn­di­cats et des partis qui appe­laient de leurs vœux une pro­duc­tion et une pro­duc­ti­vité accrues dans le but de mettre fin à la sta­gna­tion éco­no­mique, échouèrent à cause du refus d’un grand nombre d’ouvriers de tra­vailler avec zèle. Ici encore, des cons­cien­ces de classe de formes différ­entes entrèrent en conflit, et la ten­ta­tive réf­orm­iste du Front popu­laire, à l’instar de la révo­lution espa­gnole, en fut désunie et affai­blie.

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