venerdì 27 gennaio 2012
Procès de 4 retenus accusés d’avoir provoqué un incendie au centre de rétention de Saint-Jacques-de-la-Lande
Après une première révolte collective en octobre, voici le premier incendie du centre de rétention de Saint-Jacques (à proximité de Rennes). 4 personnes étaient accusées, cette fois-ci, d’avoir mis le feu à une chambre.
Un procureur, un avocat, trois juges, quatre prévenus, sept membres éminents de la PAF (en civil) et un dizaine de soutiens militants s’étaient donnés rendez-vous cet après-midi pour une audience de folie : était jugé le premier incendie au centre de rétention de Rennes, qui a eu lieu vendredi soir vers 22h50. Deux retenus sont jugés pour avoir tenté de s’évader, en plus d’avoir participé à la mise en route de l’incendie.
L’avocat commence par demander à voir le film de vidéo-surveillance, seul élément de preuve dans ce dossier. Le président indique que ça n’est pas possible, que la salle est trop petite et pas équipée. Il propose de renvoyer l’audience, mais les prévenus ne semblent pas spécialement d’accord (ils craignent d’être envoyés en prison d’ici là). Suspension, le temps de permettre à l’avocat de garder les prévenus.
Reprise de l’audience : on va statuer aujourd’hui, conformément à la volonté des prévenus. L’instruction permet de faire apparaître :
- L’ampleur des dégâts : 6 500 € (on serait presque déçus).
- Le ton méprisant du président lorsqu’il s’adresse aux prévenus.
- La méconnaissance du même président des conditions de vie en rétention. Il ignore l’existence des téléphones portables : « vous dites avoir reçu un appel vous annonçant le décès de votre mère, ce qui vous a mis hors de vous, comment expliquez-vous alors que vous ne soyez pas sortis de votre chambre entre 22h22 et 22h44, heure à laquelle vous partez en courant ? » Il ignore l’existence de machines à laver : « Et dans l’espace pour laver vos vêtements, y a-t-il une bassine pour cela ? » Il pense que les conditions y sont dignes d’un hôtel 4 étoiles : « Et dans les sanitaires, avec les lavabos et les douches, n’y a-t-il pas de verre, seau ou tout autre récipient permettant de transporter de l’eau ? »
- La faiblesse du dossier. « Alors là on vous voit sortir de la pièce à 22h44, puis on voit des fumées émanant de cette même pièce à 22h47. Comment expliquez-vous cela ? - ... ? - C’est étrange, tout de même, vous ne trouvez pas ? »
- L’improvisation totale dans laquelle s’est déroulée l’enquête. « - Qui a pu mettre le feu, selon vous ? - Je sais pas ce qui s’est passé, j’y étais pas. Quand j’ai quitté la chambre, 5-6 personnes jouaient aux cartes, j’ai rien vu. Et là, on est que nous 4, je comprends pas. » L’explication viendra plus tard : ayant tardé à démarrer l’enquête (garde à vue lancées lundi et mardi), plusieurs des protagonistes avaient été relâchés, transférés ailleurs ou expulsés. On a pas pris la peine d’aller les rechercher ou de recueillir leur avis sur cette histoire.
- Une seule certitude : c’est Mickey qui a foutu le feu à la chambre. Le rapport de la police scientifique indique (pour unique conclusion), que ce sont les pages d’un Mickey Magazine qui ont brûlé en premier...
Le réquisitoire du procureur lui permet d’avancer sa thèse : les retenus se seraient concertés pour mettre le feu et faire diversion, tandis que deux d’entre eux tenteraient de s’évader. Cette thèse s’appuie sur de hautes considérations : le feu, en plus d’être un manifeste "trouble à l’ordre public", c’est dangereux et ça peut blesser des gens. Il ne s’est bizarrement pas dit qu’une institution au sein de laquelle il y avait eu 3 tentatives de suicide et quelques bras cassés (dans des altercations avec la police) en quelques mois, pouvait aussi être dangereuse, et qu’on devrait peut-être songer à fermer ce genre de choses.
L’avocat insiste sur le vide du dossier : aucune preuve du fait que l’un ou l’autre des prévenus ait tenté d’allumer ou d’attiser l’incendie. Des pièces partiales (compte-rendu de la vidéo de surveillance fait par des policiers, et le parti-pris se sent dans les termes utilisés). Une enquête bâclée (la piste du mégot mal éteint n’a jamais été explorée). Concernant la tentative d’évasion (qui, pour être poursuivie aujourd’hui, est qualifiée de "tentative de soustraction à une mesure de reconduite"), elle ajoute que poursuite ne sert qu’à aider le procureur dans sa tentative de trouver un récit cohérent et accusateur contre les 4 prévenus.
L’affaire est mise en délibéré.
Un prévenu est condamné à 5 mois de prison ferme pour avoir alimenté l’incendie. Deux autres prévenus sont condamnés à 2 mois de prison ferme pour la tentative d’évasion. Ces trois retenus écopent, en plus, d’une peine d’interdiction de territoire français (donc dans tout l’espace Schengen) de 5 ans. Le dernier est relaxé.
Tous avec Mickey : feu aux CRA !
Repris d’Indy Nantes.
http://nantes.indymedia.org/article/25031
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