lunedì 14 novembre 2011

La lutte contre l’existant continue


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Jeudi 4 août, Mark Duggan, « un gars réglo et respecté » (des mots du rappeur londonien Chipmunk) de Tottenham, quartier de Londres, a été criblé de balles alors qu’il rentrait chez lui dans un taxi, par une foule de flics armés de pistolets mitrailleurs Heckler & Koch MP5. Mark, 29 ans, père de quatre petits enfants, vivait dans le quartier de Broadwater Farm Estate, un quartier pauvre majoritairement Afro Caribéen. Un quartier célèbre depuis l’émeute de 1985 après que Cynthia Jarrett, 49 ans, s’est effondrée et est morte d’une crise cardiaque alors que la police perquisitionnait son domicile. Durant l’émeute de 85, le policier Blakelock, fut tailladé à mort avec une machette. Aujourd’hui, des mots mêmes d’un habitant du quartier, « si vous êtes de Broadwater Farm Estate, la police est sur votre dos chaque jour, on ne vous permet pas de sortir du quartier, et si vous en sortez, ils vous surveillent ». Ils ont surveillé Mark Duggan, et il en est mort. Le 6 août, l’arrogance des tueurs en uniforme face à une marche des amis et de la famille de Mark, additionnée à l’attaque brutale d’une fille de 16 ans par la police lors de la marche, fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

Cette nuit-là à Tottenham, le commissariat de police a été attaqué, des voitures de police incendiées, un de ces fameux bus londoniens à deux étages réduit à l’état d’épave par les flammes, des photographes de presse battus et dépouillés de leur équipement pour les décennies de mensonge qu’ils ont propagées. Des vitrines de banques brisées. D’innombrables magasins pillé, les marchandises jetées partout dans les rues. De jeunes gens ont prit d’assaut un McDonald et se sont fait cuire des hamburgers et des frites. La colère éclaircissant l’esprit, elle s’est projetée à la tête des flics. La fureur collective contre ce dernier assassinat policier s’ajoute à l’intimidation permanente et à l’humiliation d’être arrêté et fouillé quotidiennement, aux leçons de morale, aux fausses promesses, à la vie inutile, au no futur, au désir d’affirmation d’un statut inaccessible, à l’augmentation des taxes et des impôts, au chômage et aux coupes budgétaires, aux quatre millions de caméras de vidéo-surveillance, aux vigiles à l’entrée de chaque magasin, à la colonisation de l’espace urbain restant par des bars branchés remplis du bavardage bruyant de ceux qui peuvent se permettre d’être insouciants, tout cela et tant d’autres choses que nous ne savons pas ont participé et donné de l’eau au moulin de la volonté de briser l’invisible barrière qui maintient tout cela en place.

Les otages de la prison ouverte, les jeunes gens des ghettos de Londres, se sont soulevés et le cauchemar des capitalistes s’est finalement matérialisé lorsque que le dernier maillon de la chaîne de consommation et de soumission s’est brisé, éclatant dans une mêlée générale quand, dans un flash d’illumination, la solution au dilemme existentiel est trouvée : MUST HAVE/CAN’T HAVE = TAKE. C’est simple : apprenez et appliquez-le, en brûlant au passage le commerce après l’avoir pillé.

Les troubles s’intensifient, un plus grand nombre de personnes arrivent chaque jour dans le quartier, répondant aux appels sur twitter à venir se battre contre les flics et piller les magasins. Les jours suivants, le soulèvement s’étend à beaucoup d’autres parties de Londres et en avant vers d’autres villes.

La colère s’étend alors jusqu’à Nottingham, Manchester, Bristol, Gloucester, Liverpool, Birmingham. Dans beaucoup de ces « incidents » les émeutiers échappent à la catégorisation ou la quantification. Une chose est sûre qui n’est pas rapportée car délibérément ignorée, est cette saveur antiautoritaire dans ces affrontements, le gouvernement et les entreprises stigmatisant implacablement les gens de « racailles », de « voleurs » et des autres basses rengaines habituelles de diabolisation. Un échec total, puisque rien n’a pu empêcher les jeunes de s’identifier au soulèvement, il suffit de voir comment les émeutes se sont reproduites et étendues rapidement, et comment elles n’avaient besoin que d’une étincelle pour commencer à briser la Paix de la Reine [1]. Les reportages des médias dominants deviennent incroyablement conventionnels et cérémonieux, et les patrons font le décompte des dégâts dans le but d’atteindre leurs objectifs politiques, rediffusant les mêmes images en boucle, recouvertes des condamnations habituelles des présentateurs télé stéréotypés et de leurs tentatives de rassurer l’audience. Le désordre diffus ne s’arrête pas. Les gens qui n’ont plus peur sortent de chez eux, se rassemblent pour attaquer et prendre tout ce qu’ils peuvent.

La police est débordée et battue par les petits groupes fluides qui n’attendent pas de se faire écraser, mais qui, au lieu de cela, se déplacent rapidement, propageant la peur chez ceux qui ne peuvent pas s’identifier comme appartenant à la foule des émeutiers.

Quelques anarchistes et autres « rebelles conscients » se sont précipités vers les signaux de fumée à l’horizon. Certains seulement pour s’arrêter en chemin, et dans de nombreux cas venant sur les lieux comme de simples spectateurs d’un scénario jamais imaginé dans leurs rêves les plus sauvages : les foules de jeunes gens faisant la queue à l’extérieur des magasins des grands boulevards comme des clients aux soldes de janvier, forçant calmement leur voie à l’intérieur des magasins sous le regard fixe et implacable des rangées de flics anti-émeute, réapparaissant plus tard avec des sacs énormes, et même des chariots, débordant de marchandises. Ailleurs, derrière les barricades improvisées dans la hâte, érigées et mises à feu par des gamins du quartier, on se prépare à saluer ses ennemis quotidiens - les flics dans leurs camions anti-émeute - avec des volées de bouteilles et de pierres. L’outsider, immédiatement reconnaissable par l’âge et la couleur, est considéré avec soupçon. Qui êtes-vous ? que voulez-vous ? Dans de nombreux quartiers, le gang local, stimulé par le changement momentané dans l’équilibre des forces dans les rues, commence à voler les voitures des gens et à fuir avec ou les brûler, ou à saccager et piller des petites épiceries de quartier, attirés seulement par le bénéfice du chaos destiné à faire diversion pour que d’autres petits groupes puissent organiser et amorcer leurs propres attaques. Pour certains, vêtements noirs et masques faciaux sont un signe d’illégalité organisée, commandant le respect en conséquence.

Chaque quartier et environnement particulier crée des possibilités et des modes de coopération et de confrontation différents. Encore des jours après les heurts, l’air est changé dans les coups d’œil et l’atmosphère entre ceux des différents secteurs des émeutes, ayant vécu quelques temps sous la même règle. Le combat ouvert contre la police et le système qu’elle défend a une fonction unifiante pour la résistance massive contre tous les régimes.

Très rapidement, il devint clair que la tactique policière de tenir ses positions et d’observer les pillards vider les magasins, étrange en apparence, n’avait rien d’accidentelle, comme cela avait déjà été annoncé par les médias les plus droitiers, la police laisserait la situation évoluer pendant trois jours avant la mise en place de grandes vagues répressives. Une thèse qui a par la suite disparu des journaux. Cette tactique standard de la contre-insurrection britannique, développée dans les colonies et en Irlande du Nord, est utilisée dans les étapes préliminaires d’une insurrection sociale pour essayer de créer une situation de chaos où toutes les contradictions du désordre social peuvent se renforcer, afin de forcer la fausse question : « voulez-vous qu’un régime autoritaire maintienne l’ordre par la répression, ou voulez-vous "le chaos sans foi ni loi" » ? La question est posée par le pouvoir aux masses serviles, utilisant la rébellion comme épouvantail.

La police a retiré son personnel des secteurs les plus sérieusement affectés, donnant l’espace aux émeutiers pour littéralement se lâcher complétement - permettant ainsi à la violence d’atteindre un tel niveau que l’intensification qui aurait résulté de l’agrégation d’autres catégories (comme les gauchistes, les étudiants en colère ou les anarchistes) serait empêchée.

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