martedì 27 settembre 2011
Aux sources de la conspiration
Andreas Breivik prétendait que les musulmans étaient le plus grand mal de la Terre et qu’ils avaient été amenés à la toute-puissance par les communistes depuis 1945. Mais lorsqu’il a choisi de passer à l’acte, Andreas Breivik n’est pas allé flinguer le président de la Corée du Nord. Il n’a pas non plus ciblé un dirigeant musulman. Andreas Breivik est allé tuer des jeunes gens venus assister et participer au camp organisé par un parti social-démocrate. Des jeunes gens qui pour la plupart étaient gamins ou même pas nés pendant la période à laquelle le tueur fasciste fait référence. Pendant toutes ces années de réflexion et d’élaboration de son plan, pas un seul instant, Brevik n’a pensé à aller rejoindre les partisans de ses théories qui pullulent de par le monde : il n’est pas allé se battre en Tchétchénie, en Serbie ou ailleurs. Forcément, cela l’aurait mis dans une situation tout à fait différente, armé...mais contre d’autres hommes armés, pas contre des jeunes gens dont beaucoup étaient en maillot de bain.
Pourtant, Breivik se définit comme un chevalier, fait référence à l’ordre des Templiers. Sans avoir un seul instant, toutes ces années, réfléchi au ridicule monstrueux mais ridicule quand même de sa comparaison. Breivik n’a vu aucun souci à mener ce qu’il appelle une « croisade », en parcourant quelques dizaines de kilomètres, pour combattre contre ses compatriotes désarmés.
Dans l’imaginaire du jeune fasciste, il est un combattant courageux, et rien ne le fera douter de ça.
Le manifeste d’Andreas Breivik fait 1500 pages. De fait, la longueur, les redondances, les références innombrables à des théoriciens multiples, mais aussi les digressions sur une anecdote constituent une caractéristique commune de ce manifeste avec une littérature qui a connu beaucoup de succès ces dernières années : le pamphlet conspirationniste, sous forme d’écrit ou de vidéo, et quel que soit son contenu précis est toujours extrêmement long.
Pourquoi cette longueur ? Pour en avoir une idée, on peut par exemple, se pencher sur l’ « explication » donnée par Alain Soral de la tuerie d’Oslo. Pour tous les fascistes qui ne sont pas prêts à assumer les tueries de masse dans l’immédiat, l’affaire Breivik était évidemment un peu gênante. Il fallait donc qu’elle ne soit pas ce qu’elle paraît et même l’inverse de ce qu’elle paraît.
Pendant de longues minutes, Alain Soral va parler du sionisme, de l’affaire DSK, de la guerre en Libye, de tout sauf de l’extrême-droite pour en arriver finalement à cette conclusion : les attentats d’Oslo fragilisent Marine Le Pen, il s’agit donc d’un complot du système contre le Front National.
Comment est-ce possible, quels sont les faits qui permettraient de relier Breivik à des « agents du système » ? Soral ne pose pas cette question et n’y répond pas. Il se fonde simplement sur d’autres complots antérieurement bâtis par lui-même, dans lesquels le « système » mettait Marine Le Pen en avant parce qu’ainsi la victoire était assurée pour le candidat du « sionisme international », DSK, en 2012. Celui-ci ayant eu quelques problèmes, le « système » a dû changer ses plans : il fallait faire baisser Marine Le Pen dans les sondages, et pour ce faire la décrédibiliser avec un attentat commis par un soi-disant militant d’extrême droite...en Norvège.
Résumée en quelques lignes, la thèse de Soral est évidemment totalement absurde : mais toutes les thèses conspirationnistes le sont de la même manière, pas seulement dans leur désignation d’ennemis imaginaires qui sont parfois carrément des extraterrestres ou des immortels à la Highlander, mais dans le comportement imputé à ces ennemis imaginaires. L’exemple le plus monstrueux mais aussi le plus probant est celui du complot sioniste élaboré dès le 19ème siècle et qui aurait trouvé son aboutissement avec la création de l’Etat d’Israel, après que les « sionistes » aient objectivement soutenu le nazisme pour se faire passer pour des martyres. Prenons un instant pour argent comptant ce que pensent les fascistes des Juifs : des hommes très intelligents connectés entre eux comme aucun autre peuple ne l’est, ayant à leur disposition des moyens qu’aucun autre peuple n’a, l’argent et le contrôle des hommes politiques partout dans le monde depuis deux millénaires.
Avec toute cette puissance, toutes ces possibilités, ce peuple ne trouve pas d’autre méthode pour obtenir un bout de terre somme toute assez petit que de mettre au pouvoir les nazis dont même les négationnistes s’accordent à dire qu’ils ont persécuté les Juifs et leur confisqué leurs biens matériels ? Ce peuple , contrairement à toutes les autres nationalités qui ont émergé au 19ème siècle et exigé un Etat, n’a pas d’autre solution que provoquer son propre massacre pour obtenir ensuite réparation ?
Et pourtant ça marche. Et pourtant, démonter point par point ces théories absurdes n’a absolument aucun effet sur celui qui est entré de plein pied dans la logique conspirationniste.
Nous ne parlons pas ici de ceux qui la propagent pour leurs propres intérêts politiques et n’y croient pas eux-mêmes un seul instant. Mais de tous ces gens qui n’en ont visiblement aucun, et pourtant deviennent un jour des convaincus définitifs que plus rien n’ébranlera.
Ces dernières années, nombreux sont ceux, à gauche et à l’extrême-gauche qui ont vu des camarades sombrer et changer irrémédiablement, pour finalement se retrouver côte à côte avec des militants clairement membres de cette extrême-droite qu’ils avaient affirmé combattre depuis des années.
Nombreux sont ceux qui font aujourd’hui cette amère expérience après avoir écrit un article qui pointe objectivement l’appartenance de tel ou tel mouvement conspirationniste à la sphère fasciste, qui recense toutes les preuves montrant que tel militant fréquente des néo-nazis ou des membres du Front National. La démonstration n’a jamais l’effet attendu : l’ex-camarade devenu conspirationniste n’est pas horrifié par ces révélations, il ne subit aucun choc particulier, il ne se remet en cause sur rien. Au contraire, c’est généralement à ce moment-là qu’il rompt définitivement les liens avec son ancien camp et décide que l’ennemi est désormais l’antifasciste. C’est à ce moment qu’il assume totalement d’être ce qu’il est devenu depuis longtemps, un militant du fascisme.
Lorsqu’en 1941, la Shoah par balles commence en Pologne et se poursuit tout au long de l’avancée allemande en Russie, les Einsatzgruppen, composés de nazis convaincus et formés ne seront pas les seuls exécutants des massacres de masse, pas les seuls à tuer dans la même journée , un par un, tous les habitants d’un village, les hommes, les femmes, les bébés et les vieillards.
En renfort, des réservistes qui jusqu’ici n’ont même pas participé à la guerre en tant que telle, sont envoyés sur le front de l’Est : ces hommes, pour beaucoup, ont la quarantaine et n’ont donc pas éduqués dès leur plus jeune âge par l’appareil d’Etat nazi, beaucoup d’entre eux ne sont pas membres ou alors membres très récents du NSDAP. Pourtant quelques semaines après leur arrivée, tous sans exception participeront physiquement aux tueries de masse, alors même que le choix leur est laissé de ne pas le faire.
Les officiers de l’encadrement nazi, avant les massacres prennent soin de leur expliquer la « raison » de ces massacres de civils : les Juifs ont provoqué collectivement la guerre, les Juifs sont prêts à tout pour éradiquer les aryens, les enfants sont des fanatiques encore plus dangereux que leurs parents, car le soldat allemand s’en méfiera moins et se laissera tuer par surprise.
Les recherches sur cette partie de l’extermination n’ont eu lieu que dans les années 90 , et elles ont provoqué un immense débat en Allemagne et ailleurs : notamment parce qu’elles mettaient en lumière une réalité difficilement supportable : le nazisme et sa dimension exterminatrice n’était pas seulement incarnée par des fanatiques. A un moment quelque chose s’était produit dans la conscience collective, quelque chose qui allait amener des gens ordinaires à tuer massivement, eux qui n’avaient jamais tué, et pas dans le cadre d’une guerre face à des hommes armés, mais dans le cadre de massacres commis sur des civils sans défense. Pas lors de bombardements qui éloignent la vision de la mort, mais lors de journées entières passées dans sa réalité concrète, le sang et les hurlements d’une victime après l’autre.
Entre la croyance et le besoin absolu de faire comme si l’on croyait, la frontière est parfois très floue. Lorsque le bénéfice qu’on croit retirer de l’appartenance à un groupe donné nous paraît essentiel, et que cette appartenance est conditionnée à l’adhésion à certains principes, à certains comportements qui en eux même sont visiblement barbares, l’existence d’une justification devient impérative.
La grotesque théorie du complot qui aurait impliqué même les enfants Juifs était cependant la seule qui permette, même de manière démente de justifier leur assassinat. Et refuser de tuer ces enfants, c’était pour le réserviste allemand s’exclure de la communauté nationale, et pas idéologiquement, mais immédiatement, se retrouver brusquement séparé de son unité en temps de guerre, dans un pays étranger, rapatrié ensuite mais de manière humiliante.
Dans ce contexte, la question de l’absurdité de la théorie elle-même n’avait évidemment pas la moindre importance, au regard de ce qu’elle apportait en étant partagée publiquement par les hommes d’une même unité : en scellant la déshumanisation totale des victimes, réduites aux parties d’un tout défini comme le mal absolu, elle évitait toute remise en cause aux bourreaux, concernant leur propre humanité et la portée de leurs actes.
Nous ne sommes pas en 1941, et les adeptes du conspirationnisme ne sont nullement confrontés au choix et à la situation des allemands réservistes face à l’extermination des juifs.
Pourtant, en Norvège, un jeune homme parfaitement ordinaire, qui avait grandi dans une société pacifiée où la violence physique n’est pas quotidienne, a lui aussi pu tuer l’un après l’autre pendant presque une heure, des dizaines de personnes, une par une, dont de nombreux adolescents, soutenu par une logique similaire à celle de ces réservistes allemands, une logique qui organisait le monde autour d’une nouvelle morale, excluant de fait une partie de l’humanité, une logique qui décrétait une guerre en cours et désignait l’ennemi en ces adolescents, un ennemi bien pire en maillot de bain qu’en uniforme, justement parce qu’il n’est pas ce qu’il paraît être.
Cette phrase là est le soutènement de toutes les théories du complot, et elle vise ouvertement l’ « ennemi », mais ce n’est pas sa seule signification. La deshumanisation de l’autre n’est pas sa seule fonction.
Revenons à Alain Soral. Si la théorie du complot « sioniste » est fausse, alors la biographie du monsieur est bien creuse : chroniqueur de « tendances » dans les années 80 et 90 , acteur occasionnel, capable de regrouper ses chroniques sur la mode ou les femmes en un bouquin en y ajoutant quelques transitions vaseuses, réalisateur d’un unique film sur la drague unanimement considéré comme raté, invité très secondaire des talk-shows comme faire valoir de sa sœur plus connue, ou pour meubler un peu le vide entre deux stars chez Ardisson, Alain Soral comme tant d’autres intermittents de la télé a raté le virage des années 2000. Les candidats à la médiocrité médiatique sont nombreux, la concurrence est rude.
Mais Alain Soral, contrairement à tous ces autres types tombés dans l’oubli, n’a pas été victime de la logique médiatique du bouffon jetable et interchangeable, une logique qui ne vient pas de tel ou tel patron de télé, mais du fonctionnement même des entreprises télévisuelles. Alain Soral est une victime du « complot sioniste » et cela change tout.
Ou plutôt il le dit et ça change tout.
Peu importe que Patrice Drevet ou Laurent Petit Guillaume n’aient pas fait de sorties antisémites et aient également été écartés du petit écran, peu importe qu’Alain Soral ait planté sa carrière bien avant ses sorties antisémites.
La logique conspirationniste réécrit tout, et notamment le passé, elle révèle le sens caché des vies qui sans elle, trouvent des explications moins glorieuses.
Dans Mein Kampf, le Juif tout puissant et animé d’un dessein maléfique fait des pérégrinations misérables et banales du jeune Adolf Hitler, de son ratage politique et de son coup d’Etat avorté semblable à mille autres, une épopée fantastique et courageuse face à l’ennemi.
Le même Juif fait de l’ascension ratée du petit bourgeois en crise Alain Soral la même chose, car le Juif est celui qui a repéré ce que personne d’autre n’avait vu, un homme exceptionnel chez ce chroniqueur opportuniste et vide. Les « sionistes » qui sont « derrière chaque divorce » avaient déjà vu que les sorties de Soral sur ces salopes de bonnes femmes qui aiment les durs, n’étaient pas ce qu’elles paraissaient être, de la vulgarité banale, mais une remise en cause de l’Empire du Juif, qui flatte les femmes pour mieux castrer leurs hommes.
Si l’on associe souvent fascisme et crise capitaliste, peut-être reste-t-on trop dans l’économisme, dans le constat des difficultés quotidiennes de la majorité de la population, qui les amène à choisir le camp fasciste. Mais il faut comprendre qu’un licenciement n’est pas juste la perte d’un salaire, que l’impossibilité de construire une carrière, d’acheter une maison à crédit ou autre, n’est pas seulement une frustration matérielle, qu’elle entraîne une crise du sens de la vie, tout simplement.
De même au sein du mouvement ouvrier organisé et de la gauche progressiste qui regroupe aussi des membres de la couche moyenne, la crise se matérialise par une offensive bourgeoise qui ne détruit pas seulement les droits sociaux acquis lors de périodes antérieures du combat de classe. La bourgeoisie s’attaque frontalement au mouvement, qui pour une grande part avait pris l’habitude d’une certaine reconnaissance sociale de sa part, notamment dans ses couches supérieures.
Le militant syndicaliste, habitué à être écouté à défaut d’être entendu n’est plus rien, le militant droit de l’hommiste ou réformiste , qui était considéré comme « représentant » d’une partie de la société est raillé et décrédibilisé comme ringard , décalé et inutile face aux « nouveaux enjeux de société ».
La crise capitaliste est aussi ce moment où la bourgeoisie décide qu’accorder aux prolétaires l’illusion d’être des individus maîtres de leur destin est quelque chose qui coûte trop cher. Ce moment où chacun est ramené à la réalité brutale des rapports sociaux qui permettent la perpétuation du système, ou l’égalité entre les hommes est au mieux une fiction fragile.
La conscience de classe qui en découle est d’abord une conscience négative, par conséquent, elle n’amène pas automatiquement la naissance d’une démarche de révolte positive.
Il n’y pas de fierté prolétaire en soi, et lorsque la bourgeoisie nous ramène brutalement à la réalité de la condition d’exploité, le premier réflexe est certes la haine de l’exploiteur, mais aussi la haine de soi, mais aussi l’envie d’appartenir à la classe qui a un statut social enviable.
La joie du combat avec les autres exploités, le sentiment merveilleux d’estime de soi et des autres qui naît dans la lutte ou l’on apprend la solidarité, ou la construction collective fait éclore de nouvelles structures sociales fondées sur des valeurs positives est quelque chose qui doit être éprouvé pour devenir réel à nos yeux.
Mais cela nécessite un premier pas, celui de l’entrée en lutte et des conditions extérieures, la proximité d’une lutte. Entrer en lutte, c’est toujours mettre en jeu le peu qu’on a à perdre, une stabilité de plus en plus illusoire et temporaire de la vie quotidienne.
Pour toutes ces raisons, une partie des prolétaires ne franchit pas le pas, et reste bloquée au stade de la haine, haine du système perçu comme injuste, mais aussi haine de soi, et sentiment d’avoir raté sa vie.
Une autre partie se retrouve dans les structures du mouvement social, de la gauche ou de l’extrême gauche constituée : mais celle-ci, dans la période de crise du capitalisme actuel se retrouve dans un état de faiblesse extrême. Sa structure et sa logique correspondent à une période antérieure de la lutte des classes, celle où la bourgeoisie accordait encore une grande importance au maintien d’une certaine paix sociale, et en conséquence accordait certaines concessions aux « représentants » souvent auto-proclamés du mouvement ouvrier. Ce modèle n’existe plus, mais la gauche fait comme si et subit donc défaite sur défaite. L’ambiance dans ces structures est donc tout aussi déprimante que celle de la société en général.
Face à l’impuissance, la théorie conspirationniste offre le fantasme de la puissance : quelles que soient ses variantes, elle offre l’apparence de la révolte réussie, sans pour autant nécessiter une remise en cause de soi.
Toutes les théories du complot offrent sur un plateau, à la fois un ennemi surpuissant et vague qui permettra de justifier tous les échecs, et dans le même temps des « représentants » de l’ennemi facilement attaquables parce qu’ils appartiennent à des minorités déjà dominées dans le système capitaliste.
Dans l’univers de la conspiration, le camp du Bien est constitué de tous ceux qui dénoncent l’Ennemi, et le dénoncer suffit à être exempté de toute interrogation sur son propre camp. Tout ce qui est « mal » en ce monde vient de l’Ennemi, pas de nos propres actes, et au-delà, le Mal ne peut exister en dehors de l’Ennemi. Ce qui n’est pas l’Ennemi, est le Bien, et c’est tout.
On le voit très bien dans les théories du complot « sioniste » ou « islamiste ».
Dans les deux cas, l’adhésion au conspirationnisme va toujours de pair avec le rapprochement concret avec diverses émanations du fascisme organisé ou de l’intégrisme religieux.
Le complot « Juif » ou « sioniste » est le sas presque obligatoire pour celui qui va se ranger aux côtés des dictatures de l’islam politique ou des régimes populistes sud-américains. Grâce à la théorie du complot « sioniste », tout énoncé des faits sur les atrocités commises par ces régimes devient soit un mensonge, soit une manœuvre destinée à salir le camp des Résistants. Et si l’adepte du conspirationnisme veut bien admettre que ces régimes ne soient pas tous « blancs », il le justifiera toujours par le fait que l’Ennemi sioniste ou Juif a créé la situation de guerre initiale qui amène ces quelques « excès ».
De même le complot « islamique » va permettre au locuteur qui l’énonce de pouvoir tenir exactement le même discours raciste qu’un fasciste classique et de collaborer avec ces fascistes assumés, mais toujours au nom de la lutte contre ce Mal absolu que personne ne voit et qui justifie tout.
Le fascisme est la structure politique qui correspond à la forme la plus brutale du capitalisme, le conspirationnisme est le mécanisme par lequel une partie du prolétariat va être amené à soutenir cette structure politique.
Le conspirationnisme est la forme la plus aboutie de ce que certains appellent l’anticapitalisme romantique.
Dans le cadre de la théorie conspirationniste, l’oppression des minorités, matérialisée par la violence quotidienne, physique et verbale contre ces minorités devient un acte de révolte et de résistance contre le « système ». Par un renversement du sens absolu, la guerre de tous contre tous, pilier du capitalisme remplace la solidarité universaliste, fondement du véritable mouvement ouvrier.
Dans le cadre de la théorie conspirationniste, le prolétaire qui s’en prend à d’autres prolétaires, ceux-là même qu’on lui désigne, ceux-là même qui sont déjà les boucs émissaires des politiques, n’est plus un lâche et un barbare, il est celui qui a tout compris et s’attaque à l’ennemi « véritable ».
Dans le cadre de la théorie conspirationniste, celui qui se range du côté des forts et de la bourgeoisie, devient celui qui fait acte de courage devant l’Ennemi.
Pour toutes ces raisons, faire une différence théorique et pratique entre les fascistes et les « conspis », néologisme apparu récemment à l’extrême-gauche , ce n’est pas faire autre chose que souscrire en partie à la théorie conspirationniste, et admettre que les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent, et que certains fascistes ne sont pas « vraiment » des fascistes.
Il n’y a aucune différence entre celui qui s’attaque à une femme voilée parce qu’il pense que c’est une sale Bougnoule et celui qui s’y attaque en prétendant le faire parce qu’elle serait membre d’une confrérie d’innombrables venue sciemment attaquer l’Occident.
Il n’y a aucune différence entre le nazi qui justifie les chambres à gaz et l’extermination du passé, et l’apprenti négationniste qui met en doute certains « détails » de l’histoire et la bonne foi des victimes, pour justifier les persécutions antisémites du présent.
L’antifascisme ne peut consister seulement à démontrer les proximités entre les fascistes et les conspirationnistes, car ce discours seul ne fait que légitimer la théorie conspirationniste, en faisant comme si elle n’était pas à proprement parler une théorie fasciste.
Le conspirationnisme n’est pas une passerelle vers le fascisme, et ceux qui défendent ces théories ne sont pas à la croisée des chemins entre la révolution sociale et le ralliement au fascisme, ils sont déjà arrivés au bout de la route, ils sont des fascistes comme les autres.
Andreas Breivik n’a pas tué des dizaines de personnes, parce qu’il aurait été convaincu par son propre manifeste.
Andreas Breivik a écrit ce manifeste parce qu’il était déjà certain de vouloir tuer des dizaines de personnes, et qu’il avait besoin d’une théorie qui justifie la barbarie et la lâcheté.
Luftmenschen.
http://luftmenschen.over-blog.com/
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