mercoledì 18 gennaio 2012
[$hili] Lettre de Luciano Pitronello (Tortuga) aux coeurs indomptables
[Nous reproduisons cette lettre pour info, afin que chacun puisse en discuter...]
[$hili] Lettre de Luciano Pitronello (Tortuga) aux coeurs indomptables
Indy Nantes, mercredi 18 janvier 2012
7 mois depuis que l’attaque a échoué [voir ici]
Lettre à tous les cœurs indomptables
Ça m’est difficile de commencer d’écrire avec tout ce que j’ai à communiquer, et encore plus à retenir secret ; le silence est devenu un grand allié pour moi, et pas en vain, alors que mes ennemis s’attendent de moi que je communique, m’explique à travers mes idées, pour justifier mon action illégale, pour qu’ils puisse y appliquer la loi anti-terroriste et m’enterrer, même dans les conditions où je me trouve, ils veulent un trophée de guerre, un jeune estropié, emprisonné pour ne pas s’être piégé lui-même dans le confort d’une révolution se faisant selon les termes de la rectitude politique. L’ambition du Pouvoir dans mon procès est pour la señora du foyer de dire à son petit rebelle que c’est de cette façon que les idéalistes rencontrent leur fin, ceux qui osent rêver, ou seulement penser. Que ce qui commence par la typique rébellion de la jeunesse peut finir avec de terribles conséquences si ça devient incontrôlé -de justifier ainsi par mon exemple le système carcéral, la répression « pour le bien de nos enfants et pour l’avenir ».
Je sais que c’est ce que le Pouvoir veut, ou au moins espère obtenir, que d’une façon ou d’une autre je sois exposé au public, or j’ai préféré le silence. Je pense que dans de tels moments c’est préférable que d’autres parlent pour moi -mes camarades, connus ou non- comme dans ces interminables attaques pour la libération animale, l’un(e) prend parole pour ceux et celles qui ne le peuvent, je crois que maintenant la même chose devrait être reproduite, car je crois sincèrement que d’autres camarades, même de différents endroits du monde, l’ont fait et ça a eu des résultats splendides, pas juste pour tout ce qui concerne mon moral, mais aussi pour la solidarité, que je pourrais représenter comme la première pièce d’une longue rangée de dominos, dans laquelle quelqu’un(e) pousse le premier, un(e) deuxième pousse le troisième et ainsi de suite, où mon moral aussi en vient à être une pièce de ce domino, où il y a du dommage à faire au système en brisant avec sa logique autoritaire, l’estime que notre action génère, autant au niveau individuel que collectif, et représentant aussi un autre front dans le conflit avec la réalité. Et quelqu’un-e pourrait passer des jours à compter tous les différents effets qu’une action de solidarité peut avoir.
Néanmoins, pour autant que mes ennemis voudraient que je communique, je sais que plusieurs camarades l’ont aussi espéré, et sachez que je suis au courant et suis désolé que vous ayez passé plusieurs mois dans l’incertitude dans ne recevoir de nouvelles de moi, je regrette profondément de n’avoir pu communiquer dans ces circonstances, surtout alors que j’étais celui qui a toujours poussé l’idée que la solidarité ça doit être réciproque, et croyez-moi que plus que tout autre j’ai regretté de n’avoir pu agir plus tôt ; j’ai senti me trahir moi-même en restant silencieux. « Est-ce que ça le rend inconfortable que nous agissions en solidarité pour lui ? » ai-je spéculé de que vous avez interprété de mon silence. Mais j’ai une belle petite fille qui a besoin de son papa, et je ne peux la trahir elle-aussi. Elle m’a incité à garder le silence, mes idéaux au dialogue, et vous -camarades de toujours- à un point entre les deux.
Je n’aime pas écrire sans penser à quoi je veux convier ni sans être sûr d’être pleinement compris. Pour écrire quelque chose sur ma situation mérite une profonde réflexion : ça en vaut-il la peine ? Car dans mon cas, différemment de la majorité des procès politiques qui sont le plus souvent des coups montés, dans mon cas c’est prouvé ; car j’ai réellement apporté une bombe au matin du 1er Juin avec comme cible la succursale bancaire située au coin de l’avenue Vicuña Mackenna et Victoria, au centre-ville de Santiago.
Pour ma part, j’ai voulu dire à tout le monde pourquoi l’attaque a échoué. Et comment je pourrais prendre parole sans ne parler de quelque chose de si important ? Ou même, pourquoi cette banque ? De politiser une attaque anti-capitaliste n’est pas seulement de promouvoir la violence, mais aussi de me mettre une laisse au cou, et pour ça, JAMAIS ! Car aussi longtemps que je suis en vie j’entends continuer de lutter, et ça n’as pas d’importance que j’aie perdu quelques doigts, une main, mon ouïe ou ma vision, je vais continuer d’aller de l’avant à tout prix, et c’est ce que mes ennemis doivent savoir autant que mes camarades !
Alors vous me demandez de briser hors de l’isolation, de cet ermitage qui m’entoure ; or je postule que je devrais plutôt avoir honte de communiquer, de le faire simplement, à quoi vous répondrez avec un coup sur ma conscience : « Et tes camarades ? » Pensez-vous que communiquer avec vous m’est banal et trivial ? C’est vrai que je n’ai pas à tout cracher ce qui est arrivé durant cette nuit, je crois que dans le futur il y aura un temps pour ça...
Or vous voulez savoir ce qui advient de moi ? Bien, je vais continuer de me battre pour vivre, et de vivre pour me battre, jusqu’à ce que je sois libre et sauvage encore, je ne me prendrai pas au piège en croyant que je suis moins sauvage parce que je respire artificiellement ou non, parce que je crois que c’est dans une situation comme celle-ci que l’instinct humain le plus bestial fleurit : l’instinct de survie. Je ne vais pas faire allusion à aucun-e en particulier, car je sais que plusieurs camarades désirent que je meurs pour mon bien, mais ici je veux livrer une leçon pour tous et toutes ; que quelqu’un(e) ne peut désirer que la mort d’un camarade le libère de son corps -à moins bien-sûr que ce soit ce qu’il désire- mais si c’était le cas, cette personne chercherait à mettre fin à la vie de ce camarade, sans générer une poursuite judiciaire (pour homicide) de la part d’une tierce partie. Car qu’est-ce qui arriverait si ces « fais-moi une faveur » me tueraient ? Qui sont-ils pour s’appeler mes camarades, à juger pour moi de si ça en vaut, ou non, toute la souffrance de continuer de vivre ? Le seul capable de prendre une telle décision est l’individu lui-même, car lui/elle seul(e) sais ce qu’il/elle désire. Et je désire particulièrement de continuer de vivre... pour pouvoir continuer de lutter.
D’un autre côté, je veux que vous sachiez que j’apprécie chacune des actions de solidarité que vous avez faite pour moi, ces bannières accrochées dans différents endroits à travers le monde, ou ces messages qui portent le même “”solidarios” se rendant d’une façon ou d’une autre jusqu’à mes oreilles, chaque pamphlet, chaque bulletin de contre-info, chaque espace de vos vies que vous avez dédié à moi je les garde comme des trésors. Sachez que j’ai été au courant sur tout, que dans ce monde il n’y a pas de mots pour mes sentiments de gratitude, car chaque bombe, chaque incendie organisé en mon nom reste gravé dans ma tête. Je ne peux oublié la valeur de mes camarades Mexicains, les insubordonnés qui se sont fait mes camarades en Grèce ; je veux embrasser les sauvages de Bolivie et des États-Unis, saluer affectueusement les rebel(le)s d’Espagne et l’Italie, les libertarixs d’Argentine, pour ne pas oublier les iconoclastes d’Indonésie. Force, camarades ! Aux anonymes de la ALF et ELF de Russie et ailleurs dans le monde. Aux camarades emprisonnés-es à travers le monde, j’envoie toute mon attention de ces lettres humbles, à la camarade Tamara, prisonnière au Mexique, à Gabriel Pompo Da Silva, prisonnier en Espagne, à Marco Camenish, prisonnier en Suisse, et aux toujours dignifiés camarades des Cellulles de Feu, comment j’envie votre courage. Et bien-sûr, à mes camarades du territoire dominé par l’État du $hili, à vous que j’ai connu en personne, sachez que je vous porte dans mon cœur partout où je vais. Je n’ai jamais été séparé de vous parce que je vous porte dans mon sourire ; je sais que dans une seule lettre je ne pourrais remercier tous et chacun(e)s pour leurs actions, j’espère que c’est entendu que je ne veux exclure personne, les formes par lesquelles vous avez montré de la solidarité envers moi sont aussi multiples et diverses que cette lutte, des actions illégales à des appels téléphoniques, messages sur Internet, et chansons libertaires ; et finalement je veux que vous sachiez, chacun-e de vous rebelles solidaires que ce fou de la liberté ne va JAMAIS, jamais vous oublier, vous avez été connus pour être aussi grands que des grattes-ciels et pour frapper là où ça fait mal, et par-dessus tout, vous avez fait briller les étoiles par votre courage, et c’est quelque chose qu’il vaut la peine d’imiter.
J’aimerais que vous sachiez ce que la solidarité a créé pour moi en ces jours où plus rien ne faisait du sens, quand d’apprendre à refaire ma vie ne faisait pas le moindre sens, car vous saviez que j’étais mal en point. Ce qui m’est arrivé, je le souhaiterais à bien peu de gens, car ce fut horrible - et dans la plus profonde noirceur sont apparus de petits gestes qui m’ont poussé à ne pas lâcher. Comment pourrais-je trahir ceux qui risquent leurs vies pour m’envoyer des encouragements ? Et j’ai appris à conquérir la vie à nouveau ; vous ne saurez jamais à quel point vous avez été importants. Maintenant je me trouve à être plus fort que jamais ; la prison, loin de m’intimider, m’a endurci ces derniers temps. La vie est paradoxale, parce que j’ai toujours dit que le fait d’avoir des camarades en prison ne devrait jamais être une raison pour avoir peur, qu’au contraire ce devrait être une cause pour le bout de tissu dans une bouteille d’essence, pour la mèche dans une charge explosive ou incendiaire, pour le sourire dans le cœur d’insurgé(e)s après chaque jour d’attaque ; ça, j’y ai cru auparavant et y croit toujours, et maintenant je suis se trouve à être le prisonnier, or si mes ennemis ne réussissent pas à m’intimider quand je me trouve entre leurs griffes, ce sera aussi difficile pour eux de le faire avec mes camarades.
Je veux confronter la prison de la même façon que je confronte la société, avec dignité et bonheur, jamais de façon soumise, pour, comme dit déjà, de rendre la prison combative. Je vous dit que je suis dans la section médicale de la prison Santiago 1, où il y règne un régime similaire à celui du module le plus sécurisé d’une prison à sécurité maximum, mais sans cour extérieure, sans radio, sans télé, avec une visite par semaine de pas plus de deux personnes et le risque d’attraper les maladies d’autres prisonniers ; la pièce est partagée et plus grande qu’une cellule -par ici ils appellent ça la prison des fous- parce que de passer trop de temps ici est assez pour te rendre fou, quoique que je suis de la croyance que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort, comme ils disent par ici : « nous, les fous, sont ceux qui font les rêves les plus beaux ».
Je vous dit que je fais beaucoup d’exercices pour récupérer les muscles que j’ai perdu, je chante beaucoup, en particulier les chansons que personne n’aime, j’écris des lettres à ma petite fille à chaque semaine, parfois quand je partage ma cellule avec un autre je joue aux échecs ou on parle, généralement la prison s’occupe de moi et m’aide beaucoup en ce sens. Je suis régulièrement mon traitement de réhabilitation et essaie de m’encourager quand il n’y a que des bribes d’information à parvenir du dehors ; aussi je me suis proposé plusieurs projets à moi-même, dont certains sur lesquels je travaille déjà, et les autres pour quand j’aurai fini ma sentence.
Je pense qu’un rebelle devient un guerrier quand il est capable de se relever encore plus fort que lorsqu’il est tombé, quelqu’un qui peut regarder la réalité même s’il a tout à perdre. Un guerrier n’a pas nécessairement à savoir comment faire une bombe ou en avoir une, ou de maîtriser des techniques de camouflage, ce sont des choses que l’on apprend par addition. Les guerriers sont dangereux par leurs idées et principes à cause qu’ils envisagent toutes les voies vers les conséquences finales, restant toujours fermes et prompts, parce qu’ils ne vont pas trahir eux-mêmes ou leurs camarades, parce qu’ils sont toujours conscients, parce qu’ils ne se laissent pas embarquer par des rumeurs ou des tromperies, parce que quand ils ont des problèmes ils les confrontent, s’ils ressentent de la souffrance ils pleurent, et s’ils sont joyeux ils rient ; parce qu’ils savent comment vivre une vie pleinement ; or ce ne sera donc jamais pacifique - car ils sont de vrais guerriers ; maintenant dans cette guerre il y a plusieurs occasions joyeuses, mais il y a aussi des moment d’amertume, parce qu’il s’agit d’une guerre, pas d’une phase juvénile, et de confronter le système de domination en utilisant ces conclusions peut amener peut amener des conséquences désastreuses que nous devrions connaître dès le départ, parce qu’une erreur, une bref manque d’attention peut tout chambarde. Je l’ai toujours dit et compris, alors j’ai agi en accord avec les termes que j’ai utilisé.
Concernant mes blessures, elles ont toutes guéri, malheureusement les marques vont toujours rester, mais je les porterai avec la même fierté que mes tatous, parce qu’ils sont la meilleure évidence que je suis convaincu de mes idéaux - comment ne pourrais-je l’être ? J’ai porté cette bombe avec des rêves et des espoirs, et ceux-ci demeurent intacts.
De l’autre côté, je regrette ne pas être capable de continuer de participer aux projets dans lesquels j’étais, en comprenant que pour moi, personne n’y avait plus de valeur que d’autres, tous et chacuns-es y mettant une contribution à la guerre sociale, et souhaite que ces projets n’aillent pas à la dérive parce que je ne suis plus là. Au contraire, ça devrait être une raison d’aller de l’avant. Je sais que je ne suis pas absous de critiques, car si j’ai fait ma part à ces rêves, j’aurais dû par contre agir non avec 100%, mais 150% d’attention.
Je suis certain que mon exemple va conclure un chapitre de plus et que les nouveaux comme pas-si-nouveaux combattants vont savoir comment récupérer ce qu’il y a de positif dans tout ça, car la lutte continue et il y a trop de cœurs qui ne trouvent pas leur place dans ce monde autoritaire et veulent ouvrir un sentier. Parce que nous l’avons fait dans le passé nous savons comment le fait encore dans le présent. Personnellement je vois un bon équilibre dans les luttes anti-autoritaires dans le monde, l’une ou l’autre diminue mais généralement le pronostic regarde bien.
Mais pour autant que la lutte avance, la répression avancera elle aussi, et mon cas sera utilisé pour rouvrir le coup monté de « l’Affaire des bombes », or je fais la suggestion d’être alertes, jamais à l’inaction mais plutôt la précaution, car mon auto-critique peut être appliquée par tous, l’idée est de la partager. Pas que je dise cela avec certitude ; c’est de la spéculation. Peut-être ne vont-ils pas tenter de piéger plus de gens, par peur de s’exposer au ridicule une fois de plus, ou peut-être vont-ils foutre dans les toilettes tout ce sur quoi mes accusations reposent, or l’appel est pour être éveillés, avec tous ces cinq sens, dans les rues.
Pour finir je veux dédier quelques dernières lignes à la personne avec qui j’ai voyagé aux premières heures de ce 1er Juin. Hermanx (petit(e) frère/soeur), je sais que mon accident doit t’avoir marqué. Peut-être as-tu passé des nuits sans dormir, dans l’incertitude de la vie quotidienne, « Vont-ils apprendre que c’était moi ? Vont-ils me remarquer ? Vais-je me réveiller demain ou mourir dans mon sommeil ? Vais-je être trahi-e ? » Je me souviens d’une fois où je t’ai dis que malgré ma haine profonde envers cette ordure qui a poignardé sa compañera, je croyais comprendre que si on se trouverait dans une situation similaire, de voir si nous sommes aussi forts qu’on le dit, car j’ai toujours cru que la trahison est un ennemi intérieur. Et maintenant je peux te dire que ce petit homme n’a pas de couilles ! Je me rappelle aussi qu’avant de partir dans les rues cette nuit-là, je t’ai dit que j’y allais sans ma Kabbalah, une chose purement insignifiante, quelque chose que je croyais me porter chance. Tu m’as dit que c’était cinglé de croire en des choses comme ça, et par chance j’ai amené mon autre amulette. Je suis encore en vie et maintenant on peut rire de toutes ces absurdités. Hermanx, je veux que tu saches que même si je n’aurais jamais imaginé ces choses horribles qui ont joué avec ton cœur et ton esprit, je continue d’être la même petite tortue qui pue des pieds et qui dort par terre, et je ne vais jamais avoir à te reprocher quoi que ce soit, parce que cette nuit-là, c’était mon tour, tout comme par les fois passées où ça a été ton tour, et si quelque chose arrive, la deuxième personne s’enfuit, tel qu’on s’est entendu et tel que ça devait se passer. Parce que malgré que tu pourrais t’être plusieurs senti-e comme un-e traître, tu ne l’es pas. Dans cette guerre où on s’est engagé, il n’y a pas de mots pour nous comprendre. C’est possible que je ne te vois plus jamais, et si c’est le cas, bonne chance dans tout ce qui arrivera.
Je l’ai dit une fois et le dis encore avec fierté : Jamais vaincu, jamais repentant !
D’ici j’envoie ma chaude accolade aux gens qui marchent dans la clandestinité.
Avec Mauri présent dans ma mémoire !
Prisonniers de guerre, dans la rue !
Contre toute autorité !
En marche vers le néant créatif !
Luciano Pitronello Sch.
prisonnier politique insurrectionnaliste
[Publié en espagnol par Liberación Total http://liberaciontotal.lahaine.org/ ?p=3965]
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http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=4692
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