venerdì 6 gennaio 2012

Paris : 1305 caméras de plus pour la fin de l’année 2011 ?


Paris : 1305 caméras de plus pour la fin de l’année 2011 ?

En fait, pas vraiment. Et pas qu’en matière de date, car on s’en doute bien, un tel chantier prendra nécessairement du retard, vu sa complexité. Et même plus que prévu si chacun y met un peu du sien. Pour comprendre ce que nous allons tous devoir affronter très bientôt -et même plus, il faut revenir un peu en arrière.

Une ville déjà blindée de caméras

Comme il n’y a pas de petits profits en matière de propagande, la mairie et la préfecture de police ont médiatiquement baptisé leur Plan de Vidéoprotection Pour Paris (PVPP) : plan « 1000 caméras ». Déjà, il s’agit en vrai de 1009 nouvelles caméras, et comme 202 caméras de la mairie seront intégrées au dispositif (plus nombre de caméras privées1), on monte au total à un réseau de 1305 yeux du pouvoir !
Ensuite, il ne faut pas oublier que dans la métropole grisâtre où nous nous efforçons de survivre, l’espace est déjà quadrillé par les 10 000 caméras de la SNCF et de la RATP dans les bus, métros, RER et autres réseaux de banlieue. Toutes enregistrent déjà et mettent les images à la disposition des keufs pendant un mois minimum. Et puis, on peut ajouter les 400 caméras de la mairie, les milliers d’autres dans et hors des banques, parkings, écoles, sièges sociaux, périphérique, autoroutes ou supermarchés. Bref, il n’y a qu’un citoyen de gôche pour contester les unes sans remettre en question toutes les autres.

Alors, quoi de neuf ?

D’abord, c’est pas parce qu’on est déjà dans la merde, c’est-à-dire contrôlés, enregistrés, fichés et surveillés (et pas que par les caméras bien sûr, qu’on pense par exemple à la Base Elève ou à la Sécurité sociale), qu’on doit baisser les bras d’avance face à ce nouveau dispositif. Et s’il ne fallait qu’un prétexte, en voici un beau : ces joujoux financés à hauteur de 300 millions d’euros sont non seulement du dernier cri (vision nocturne, 360 degrés, zooms commandables à distance avec un joystick ou possibilité future de les faire travailler avec des logiciels de détection de « comportements suspects » dans l’espace public,...) -ce qui n’était pas le cas de la plupart de celles déjà en fonction-, mais elles seront surtout toutes reliées entre elles, en connexion avec les dizaines de milliers qui existent déjà.
Imaginons donc un peu le tableau qu’ils sont en train de mettre en place dans Paris même (sans compter son extension infinie par la suite aux villes de banlieue). Selon un organe de la domination, en effet, « dès la fin de l’année 2011, la police aura des yeux partout, pour les besoins d’un service d’ordre ou d’une filature, pour vérifier une information ou mettre sous surveillance un secteur à risques. Et pas seulement les commissariats. Car les 400 kilomètres de fibre optique posés à compter de février pour relier ce réseau tentaculaire vont alimenter 55 sites dans la capitale ou sa périphérie, comme la DCRI, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), centre névralgique du contre-terrorisme et du contre-espionnage, la caserne de Champerret, siège de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, ou encore la salle de crise du ministre de l’Intérieur, dans les sous-sols de la Place Beauvau »2.

« C’est comme imaginer un système d’armes »

Du coup, on retrouve derrière ce vaste système -identique par exemple à celui qui est en train d’être installé à Rome-, le nec plus ultra des ordures qui nous font face au quotidien. La gestion du système a été confiée à Véolia et Edf-Suez, et son installation à Bouygues, multinationales déjà chargées un peu partout d’élaborer l’architecture carcérale de cette vaste prison sociale où ils voudraient réduire les pauvres à crever la gueule ouverte ou à être éliminés s’ils ne collaborent pas à leur propre soumission aux riches et à l’Etat. Ce n’est pas pour rien que les hôpitaux ont la même gueule que les écoles, qui s’intègrent aux HLM, et qui à leur tour ressemblent à s’y méprendre à des taules. Véolia et Edf-Suez ont de plus créé une société commune, baptisée Iris et domiciliée dans une obscure tour de La Défense, pour concevoir tout le système informatique chargé d’aider les matons mateurs à exploiter les images. L’ingénieur général de l’armement Thierry Leblond est chargé de sa conception, certainement un grand philosophe. Il résume d’ailleurs la sienne de la manière suivante : « Concevoir un tel projet, c’est comme imaginer un système d’armes ». On savait déjà que le capitalisme, c’est la guerre, reste à en tirer toutes les conséquences.

La grande boucherie

Enfin, en plus de ces boîtes, les responsables directs de cette nouvelle étape sont bien sûr la mairie de gauche plurielle de Paris (en novembre 2009, 73 des 75 conseillers municipaux PS ont voté en bloc avec les 32 UMP en faveur du plan, deux adjoints communistes n’ont pas voté contre). Aussi la municipalité accorde-t-elle gratuitement en rab l’occupation du domaine public qui relève de sa compétence à la Préfecture de police (maître d’oeuvre du projet), octroyant même en passant au ministère de l’Intérieur une subvention d’équipement de 5 millions d’euros en échange du renvoi direct des images de 20 % des nouvelles caméras.
Mais comme le bâton ne va jamais sans carotte dans tout citoyennisme bien géré, la ville a également installé avec le préfet de police le 12 novembre 2009... un comité d’éthique. Loin d’être un collège de vieux séniles à la barbe chenue comme l’imagine peut-être immédiatement le naïf du coin, ce comité, pour être clair, siège dans des locaux mis à sa disposition par la préfecture, qui s’occupe également des tâches de secrétariat. Bref, il s’agit de keufs en costards.
Fournissons quelques noms, des fois que ça intéresserait quelqu’un : Roland Kessous (ex-pilier de la LDH, dont la section parisienne s’est retirée d’un collectif contre la vidéosurveillance), Rémy Pautrat (ex-directeur de la DST, ex- préfet, et actuel directeur de l’IHESJ, l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice), Pierre Ottavi (ex-keuf directeur de la sécurité de Danone de 1999 à 2004), Olivier Renaudie (maître de conférences à Assas), François Cordier (procureur-adjoint au TGI de Paris), Jean-Philippe Biron (chef d’entreprise dans le BTP et membre de la Chambre de commerce et d’Industrie), Loïc Hennekine (ex-ambassadeur, membre du conseil d’administration de l’assureur Generali), Mireille Imbert-Quaretta (ex-de l’administration pénitentiaire, détachée au sercice de l’Hadopi), Etienne Drouard (avocat), Carbon de Seze (avocat), Christian Le Lann (Président du Syndicat de la boucherie parisienne et Secrétaire du conseil d’administration de l’École de boucherie).

Le pourquoi du comment

Si le choix de cibles ne manque pas entre les différents acteurs privés et publics, les diverses infrastructures et individus qui participent ou cautionnent la mise en place de ce nouveau monstre technologique, ce qui reste pourtant certainement le plus important est le pourquoi d’une opposition radicale à ce nouveau cauchemar.

Parce que nous avons tous quelque chose à cacher, et que la transparence ne peut être que le rêve de cerveaux totalitaires...
Parce que derrière les caméras se cachent l’Etat, et les patrons qui misent sur la peur pour obtenir la pacification sociale nécessaire à leurs profits...
Parce qu’en préférant la sécurité à la liberté, on n’obtient pas la première, et on perd la seconde...

...L’Etat nous observe, crevons-lui les yeux !3

1. Celles du magasin Printemps, du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, du Forum des Halles, du Palais des congrès, du Carrousel et du Musée du Louvre, du Stade de France ou du Parc des Princes. L’ensemble est estimé à 2000 caméras. 2. Le Figaro, 20 décembre 2010 3. L’emplacement des futures caméras est disponible sur le site de la préfecture de police.

[Tiré du journal Pourquoi pas ?, Paris, juillet 2011, n°1]

http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=4664

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