martedì 30 agosto 2011
fr/it-Sans murs, ni horizon
L’Europe n’est pas tout a fait une citadelle ni une forteresse, mais plutôt une sorte de piège à loup, qui se referme une fois qu’on y a déjà posé le pied.
Lorsqu’on va aux confins extrêmes de cette Europe qu’on se plait à présenter comme l’Eldorado des pauvres du Monde, on s’imagine trouver des fortifications et des herses, ou quelque chose qui ressemble à une barrière matérielle infranchissable. A l’endroit où, sur les cartes, sont dessinés des pointillés menaçants, on croit souvent trouver des pylônes de métal, plantés dans le sol et reliés entre eux par des barbelés. Nos cours d’histoire sont remplis de ces images romantiques d’empires enfermés derrière des murailles infranchissables, seules défenses face à l’ennemi : le mur d’Hadrien, la muraille de Chine, le rideau de fer ou le mur de Berlin. Nous avons grandi avec l’idée que les puissances ont besoin de pierres et de barbelés pour s’enfermer. Notre représentation du Monde contemporain, alimentée par des images de guerre et de terreur, part du principe – archaïque - qu’on arrête les hommes avec des murs et des canons. Pourtant il n’en est rien. Les frontières de l’Europe sont translucides, immatérielles, invisibles. Et la guerre livrée à « l’envahisseur » est imperceptible et silencieuse.
Quand vous marchez sur les pointillés de la carte, vous ne trouvez que des champs ou des cours d’eau. Il n’y a pas de rupture, pas de changement de paysage. D’un côté comme de l’autre de la ligne, c’est le calme absolu. Il faut bien l’admettre, les Etats n’ont pas besoin d’ériger des enceintes pour se protéger : la modernité a apporté toute une panoplie de moyens bien plus efficaces et socialement acceptables pour endiguer « l’invasion » et combattre les « indésirables ». Il n’est désormais plus nécessaire de heurter la sensibilité des populations locales en réalisant des saignées dans le paysage, d’engager des grands travaux qui posent question aux élites intellectuelles et effraient le quidam. Assurer l’intégrité territoriale et protéger l’espace vital européens ne nécessitent plus de construire des barricades.
Désormais, la guerre à l’Autre se fait dans le silence de la nuit, à l’insu de l’homme-à-la-conscience-tranquille, à renfort de sondes et de drones, de bornes biométriques et de détecteurs de mouvements. Le mur est technologique. Invisible, mais pas indolore. A défaut d’avoir des soldats en position, la frontière contemporaine se dote de policiers en perpétuel mouvement, de RABIT [1] en patrouille. Les envahisseurs n’entrent plus à cheval, mais rampent dans les herbes et courbent l’échine pour se rapprocher de la froideur du sol, espérant échapper à l’œil infatigable des caméras thermiques. Leur rencontre avec la police n’est plus hasardeuse, mais anticipée, telle une frappe chirurgicale : leur parcours est surveillé depuis le ciel, par un des ovni [2] de la police aux frontières. Ce n’est pas anodin si le migrant est comparé, dans la presse et la littérature, à une ombre, une silhouette. Sans papier, donc sans identité, il ne peut se déplacer librement que dans les interstices laissés par les outils du contrôle. A l’ère des hautes technologies, ces interstices se réduisent chaque jour un peu davantage, et avec eux la liberté de circuler librement. Le mur a laissé la place au filet. Sans le savoir, celui qui a franchi les pointillés est déjà pris dans la nasse.
Après, tout n’est qu’une question de temps. Le temps avant d’être attrapé, le temps avant de sortir de rétention, le temps avant d’arriver au but, le temps avant d’obtenir les papiers, le temps avant d’être accepté, intégré, assimilé, puis digéré par « l’Occident ». Des mois, des années, une vie entière pour obtenir seulement le droit d’être là. Les murs n’ont plus de réalité matérielle, mais sont partout autour de nous, dans la tête des européens, dans le cœur des étrangers, douloureusement éternels.
Les frontières ne sont plus matérialisées, parce qu’elles n’ont plus besoin d’être représentées. Elles sont dans les mentalités, au cœur de notre rapport à Autrui. On croit que les murs incarnent la puissance des Etats, alors qu’ils ne sont que leur défaite. L’Etat a vaincu idéologiquement lorsqu’il n’a plus besoin de murs pour se protéger, lorsque chacun de ses administrés se présente comme un obstacle à l’Autre. En Occident, la souveraineté du territoire est assurée par sa population elle-même, car chacun y a appris à craindre l’étranger, à s’en méfier et à lui opposer des barrières infranchissables. « On ne peut pas accueillir toute la misère du Monde... » : cet égoïste aveu repris en chœur ou tacitement accepté par la plus grande majorité des européens constitue le meilleur argument idéologique en faveur du repli communautaire. L’Autre, quelle que soit sa misérable condition, n’est perçu que comme un danger potentiel, une menace envers l’équilibre des forces. Bien qu’il soit obligé d’entrer en rampant, il est considéré comme un ennemi, parce qu’il apporte une façon d’être et un mode de vivre qui n’est pas identique à celui cultivé en Europe depuis l’antiquité.
Tout européen, s’il ne s’oppose pas à la traque aux étrangers, se rend complice d’une abominable croisade idéologique qui, bien qu’elle se passe de remparts et de meurtrières, ne fait pas moins de morts pour autant.
Même sans murs, l’Europe manque cruellement d’horizon.
Texte repris de L’Interstice.
http://interstice.over-blog.org/article-sans-murs-ni-horizon-80061141.html
Notes
[1] Lapin en anglais, le sigle désigne l’équipe d’intervention rapide de la police européenne aux frontières, gérée par l’Agence Européenne de Contrôle des Frontières Extérieures (FRONTEX).
[2] Les hélicoptères utilisés actuellement par Frontex vont peu à peu être remplacés par des drônes (UAV en anglais).
Senza muri, né orizzonti
Articolo originale in francese su L’interstice e tradotto per informa-azione.info da lereveil.ch
L’Europa non è esattamente une cittadella o una fortezza, piuttosto è una sorta di trappola per lupi, che si richiude una volta che ci abbiamo messo piede. Quando andiamo ai confini estremi di questa Europa che ci piace presentare come l’Eldorado dei poveri del Mondo, ci immaginiamo di trovare delle fortificazioni e dei cancelli, o qualcosa che somigli a una barriera materiale insormontabile. Dove, sulle mappe, sono disegnati dei trattini minaccianti, crediamo spesso che ci troveremo dei piloni in metallo, piantati a terra e collegati tra loro con del filo spinato. Le nostre lezioni di storia sono riempite di questi immagini romantiche d’imperi rinchiusi dietro a muraglie insormontabili, sole difese contro il nemico : il vallo di Adriano, la muraglia cinese, la cortina di ferro o il muro di Berlino. Siamo cresciuti con l’idea che le potenze abbiano bisogno di pietre e filo spinato per rinchiudersi. La nostra rappresentazione del Mondo contemporaneo, alimentata da immagini di guerra e terrore, parte dal principio - arcaico - che gli uomini si arrestano con dei muri e dei cannoni. E invece non è affatto così. Le frontiere dell’Europa sono traslucide, immateriali, invisibili. E la guerra fatta all’ « invasore » è impercettibile e silenziosa.
Quando camminate sui trattini della mappa, non trovate altro che dei campi o dei corsi d’acqua. Non c’è rottura né cambiamento di paesaggio. Da un lato della linea come dall’altro, c’è calma assoluta. Bisogno ammetterlo, gli Stati non hanno bisogno di tirare su dei recinti per proteggersi : la modernità ha portato tutta una serie di mezzi molto più efficaci e socialmente accettabili per arginare l’ « invasione » e combattere gli « indesiderabili ». Oramai non è più necessario che si urti la sensibilità delle popolazioni locali rovinando il paesaggio, che si avvino dei grandi lavori che pongono delle domande alle élite intellettuali e spaventano un pò tutti. Assicurare l’integrità territoriale e proteggere lo spazio vitale europeo non necessita più la costruzione di barricate.
Ormai, la guerra all’Altro si fa nel silenzio della notte, a l’insaputa dell’uomo-con-la-coscienza-apposto, col rinforzo di sonde e droni, di terminali biometrici e rilevatori di movimento. Il muro è tecnologico. Invisibile ma non indolore. Invece d’avere dei soldati sull’attenti, la frontiera contemporanea si dota di poliziotti in movimento continuo, di pattuglie di RABIT [1]. Gli invasori non entrano più a cavallo, ma strisciano nell’erba e piegano la schiena per avvicinarsi alla freddezza del suolo, sperando di scappare all’occhio infaticabile delle telecamere termiche. Il loro incontro con la polizia non è fortuito, ma anticipato, tale e quale a un colpo chirurgico : il loro percorso è sorvegliato dal cielo, da uno degli ufo [2] della polizia di frontiera. Non è un caso che il migrante è comparato, sulla stampa e nella letteratura, a una ombra, a una silhouette. Senza documenti, quindi senza identità, non si può muovere liberamente se non negli interstizi lasciati liberi dagli strumenti di controllo. Nell’era dell’alta tecnologia, questi interstizi si riducono ogni giorno un pò di più, e con loro la libertà di circolare liberamente. Il muro lascia spazio alla rete. Senza saperlo, colui che ha superato i puntini è già preso nella nassa.
Dopo tutto non è che una questione di tempo. Il tempo prima d’essere beccato, il tempo prima d’uscire dalla detenzione, il tempo d’arrivare alla fine, il tempo d’ottenere i documenti, il tempo d’essere accettato, integrato, assimilato e poi digerito dall’ « Occidente » . Mesi, anni, una vita intera per ottenere giusto il diritto d’essere là. I muri non hanno più una realtà materiale, ma sono ovunque intorno a noi, nella testa degli europei, nel cuore degli stranieri, dolorosamente eterni.
Le frontiere non sono più materializzate, perché non hanno più bisogno d’essere rappresentate. Esse sono nelle mentalità, al cuore del nostro rapporto con l’Altro. Crediamo che i muri rappresentino la potenza degli Stati, quando invece non sono altro che la loro sconfitta. Lo Stato ha vinto ideologicamente quando non ha più bisogno di muri per proteggersi, quando ognuno dei suoi amministrati si presenta in quanto ostacolo all’Altro. In Occidente la sovranità territoriale è assicurata dalla sua stessa popolazione, perché chiunque ha imparato à temere lo straniero, a diffidarne e a opporgli delle barriere insuperabili. « Non possiamo accogliere tutta la miseria del mondo" : questa confessione egoista, ripetuta in coro o tacitamente accettata dalla stragrande maggioranza degli europei costituisce la miglior argomentazione ideologica in favore della chiusura comunitaria. L’Altro, quale che sia la sua miserabile condizione, non è percepito che come un pericolo potenziale, una minaccia contro l’equilibrio delle forze. Anche se è costretto a entrare strisciando, è considerato come un nemico, perché porta con sé un modo d’essere e un modo di vivere che non è identico a quello coltivato in Europa fin dall’antichità.
Ogni europeo, se non si oppone alla caccia allo straniero, si rende complice d’una abominevole crociata ideologica che, ben che si risparmi i bastioni e le feritoie, non fa per questo meno morti.
Anche senza muri, l’Europa manca atrocemente d’orizzonti.
Da vedere: No job, no money, no food, no dreams e The invisible wall
Note
[1] Simile al termine inglese per "coniglio", la siglia indica la squadra d\’intervento rapido della polizia europea alle frontiera, gestita dall\’Agenzia Europea per la Gestione della Cooperazione Operativa alle Frontiere (FRONTEX) Da vedere in proposito.
http://frontexplode.eu/2011/01/08/f...
[2] Gli elicotteri utilizzati attualmente da Frontex saranno pian piano rimpiazzati con dei droni (UAV in inglese)
http://www.non-fides.fr/?Senza-muri-ne-orizzonti
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